Latacunga - Banos (85 kms)
Ce matin, je suis tout seul à arrimer le vélo
et à ajuster les gants de cyclistes…
Ici la route de David, le cycliste de New York,
diffère de la mienne. Après un mois de binôme, parfois de trinôme, je suis de
retour à ma vie de solitaire à vélo.
Pas de débordement émotionnel mais un
changement d’ambiance ce matin, je prend le petit déjeuner devant l’écran et
les échanges sur ce que peut être la route d’aujourd’hui se font en mon for intérieur.
Mon esprit est en mode monologue.
La journée s’annonce comme une étape plutôt
facile sur le papier.
Plat au départ et ensuite, je descend sous les
2000 m d’altitude après mille mètres de dénivelé négatif.
Mais c’était sans compter sans notre invité
surprise. Le vent, oui messieurs dames, s’est invite pour la journée.
Le vent, c’est la déprime du cycliste. Suivant
le gradient de montée ou descente de la route, on est habitué à un rythme. Le
vent déroute et l’impression chaque minute, est de faire du sur place. Pas de
gratification, pas de sensations agréables de « manger la route ».
Non, la journée s’écoule comme un long effort contre un adversaire invincible.
La descente vers Banos est, de plus, rendue difficile par la poussière soulevée par le vent qui vient se ficher sous les paupières et m’aveugle quand le vélo prend la vitesse en descente.
Je suis près de la chute deux fois dans la
journée. La première du fait d’un camion qui me sert de trop près et, en devant
faire un écart, je roule dans une partie sablonneuse, le vélo dérape.
Je rattrape le tout avec difficulté, engueule
le chauffeur (une insulte moyennement classe mais il le mérite).
La deuxième fois est encore plus périlleuse quand je me fait littéralement téléporter avec le vélo quand la route en descente oblique sur la droite et une bourrasque de vent me surprend.
Je descend ainsi, avec les lunettes (contre la poussière) et en freinage presque perpétuel pour ne pas me faire surprendre à une vitesse trop élevée. La descente est normalement la récompense, elle est ici une continuité d’une journée à oublier.
J’arrive finalement à Banos en milieu d’après-midi.
La ville est très touristique et je suis surpris du nombre d’étrangers dans les
rues. Après un tour rapide, je trouve où
dormir.