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hualihza
17 avril 2009

Amazonie. Rocafuerte - Iquitos (8 jours)

Il est midi a Panacocha le quatrième jour, le bateau est en vue et comme prévu fait un arrêt pour le déjeuner. Il est temps pour Andres et moi de partir.

On salue généreusement un village qui nous avait dès le début accepté avec bienveillance.
Je charge le vélo comme je peux du fait du manque de place. Le bateau voyage à plein mais bientôt je trouve ma place après m’être frayé un chemin entre des marchandises allant de la télé aux caisses de fromages frais.
Au fond du bateau, 2 roumains conversent avec 2 suissesses. Le reste du bateau est composé de locaux habitant le long du rio Napo ou de travailleurs des compagnies pétrolières.
Je me laisse aller à des rêveries au fil de l’eau.

Nuevo Rocafuerte, ville frontière et terminus du bateau est en vue en fin de journée.
La nuit est là depuis un moment et c’est bientôt l’effervescence de la descente du bateau.

Le village est plus important que celui de Panacocha mais il apparait moins attrayant.

Il a été construit il y peu suite à la guerre entre le Pérou et l’Equateur. L’anciene ville de Rocafuerte est passée du côté du Pérou et est devenue Pantoja. Nuevo Rocafuerte signifie, la « Nouvelle Rocafuerte »

On pose les affaires et on retrouve le soir le chauffeur du bateau que l’on invite à boire un verre sous un porche. On prends le pouls du quotidien ici en écoutant les histoires de notre nouvel ami.

Le lendemain au réveil, les deux suissesses sont parties pour rejoindre Iquitos au plus vite, voyageuses pour qui l’arrivée est plus importante que le chemin. Les roumains quant à eux, sont ici en version « tour » et sont partis de bonne heure visiter une lagune alentour.

Moi et Andres, nous réveillons avec un rythme lent et l’après midi, on part en quête d’une lagune que notre ami de la veille nous a indiqué être accessible à pied depuis le village.

Le lendemain, la pluie, clémente depuis notre départ de Coca, s’invite toute la journée et la lecture apparait comme l’alternative indiquée.
On en profite aussi pour aller aux nouvelles concernant les bateaux qui font le voyage jusque Iquitos au Pérou.
La réponse est sans appel, il y a un bateau tous les 15 jours et il est parti il y a deux jours…Coincés.


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La nuit a porté conseil, on décide de lever le camp ce matin et on arrange un voyage en pirogue jusqu’au village frontière côté Pérou.
On évaluera la situation sur place. On ne perd rien, ici, on a fait le tour.

Mais avant de poursuivre notre chemin, il faut s’acquitter des formalités douanière. Et je vais avoir la mauvaise surprise de ne pas retrouver la « carte de migration andine ». C’est un papier que l’on vous donne à l’entrée du pays, même si je ne suis pas vraiment sur de l’avoir eu une fois entre les mains, mon entrée au Pérou avait été chaotique. Toujours est il que le douanier ne veut rien entendre, si je n’ai pas la carte, je dois payer 250 dollars d’amende.
Je tombe des nues et je lui dis que je vais bien rechercher dans mes affaires si je le retrouve. En fait, il me faut réfléchir. Revenir en arrière est trop compliqué, il va falloir négocier.
Finalement, j’envoie parlementer la personne qui va nous faire traverser le frontière en pirogue. Ils se connaissent, il va argumenter le fait que je suis un jeune étudiant sans le sou. Après de longues palabres, le douanier me fait un faux document et il encaisse 50 dollars, bien sur direct dans sa poche.

Tout est arrangé et déjà on file vers Pantoja, la ville frontière du Pérou à une heure de pirogue.

On arrive sous la pluie mais le passage d’une frontière, c’est toujours comme un recommencement et une envie de découvrir le nouvel espace de jeu.
On fait rapidement la connaissance de Pepe et la belle histoire commence.

C’est un guide qui a accompagné deux biologistes finlandais jusqu’ici il y a trois jours depuis Iquitos. Il veut à présent redescendre mais aimerait ne pas faire le voyage à vide. C’est notre chance, le prochain bateau pour Iquitos est dans une douzaine de jours. Mais à nous de ne pas trop le montrer, il va falloir parler prix.
Finalement, on s’accorde sur 150 dollars pour 5 jours de voyage jusque Iquitos avec un guide chevronné et la promesse de découvrir cette Amazonie qui me fait rêver. (entre parenthèses, le prix payé par les finlandais était de 1000 dollars la semaine).

Le soir, on va faire tamponner les passeports. On a du attendre la dernière heure, le douanier était à la pêche. Quant on se présente devant lui, il est en serviette de bain…

On prend le départ le lendemain à 7. Moi, Andres, le guide, deux assistants pour le moteur et deux chiliens arrivés dans la matinée.

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[ L’expérience des cinq jours qui vont suivre est tellement dense en moments de vie qu’il m’est difficile de la retranscrire en détail. Deux moments forts tout de même: l’expérience chamanique et le bivouac en pleine forêt. Et en tres résumé, L’Amazonie, c’est comme dans mes documentaires de jeunesse, une pirogue qui remonte un fleuve marron avec des deux côtés des arbres immenses. C’est comme dans les documentaires sauf que je suis rentré dans la télé. ]

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Le chaman… 

Le chamanisme amazonien s’est présenté ce matin. Bien sur avant de venir en Amazonie, j’ai pensé à l’expérience formidable qui consisterait à être initié à une cérémonie chamanique.
Et sans la chercher, elle va se présenter au détour d’une conversation. Notre guide discute des croyances des populations ici et indique que si l’on est intéressé, il connaît un endroit où lui-même a été initié. Une lumière vient de s’éclairer dans mes yeux.

Le lendemain, je jeune et on arrive en vue de l’habitation du chaman en début d’après-midi. Le guide descend tout seul, il lui faut parlementer.
On est autorisé à débarquer et bientôt, on est assis sous le toit de palmes de son humble demeure. Pas de plumes ni de peintures. Pas de chichis mais une ambiance.
L’endroit a une énergie particulière. Le guide est tout en remontrances devant le chaman, impressionné.

L’homme est très entouré, palabre dans la pièce principale quand deux de ses quatre femmes cuisinent à l’arrière.
Je me présente et rapidement, je suis attiré par la cuisine…
Sur des feuilles de palmes, une tête de tapir et une moitié de singe. Les hommes salent la viande et les femmes préparent le massato.
Le massato pour un européen, c’est assez exotique. On fait une purée à base de yucca (manioc) dont une partie est mastiquée par les vieilles femmes de la maison et recrachée dans la purée. La salive aide à la fermentation. Ensuite, on arrose le tout d’eau marron directement puisée dans le fleuve.

C’est la base de l’alimentation ici. Et quand un visiteur se présente, il est de bon ton de ne pas refuser l’invitation… Au gout c’est moyen, ca pique comme un lait fermenté et des bouts filandreux de yucca vous reste entre les dents. Mais le plus inconvenant viendra par la suite avec le passage aux selles.

Après les palabres, il est temps de préparer la cérémonie du soir, de préparer le voyage sous ayahuasca…
L’ayahuasca est une liane, qui mélangée avec des feuilles de yage vous permet de vous nettoyer de vos maux intérieurs mais permet aussi un voyage aux pays des rêves hallucinogènes à la rencontre de l’esprit de la forêt.
On se dirige donc derrière la maison pour trouver les ingrédients à la préparation. Ensuite, tout est bouilli pendant une heure et demi environ. Se forme alors une mélasse au fond de la marmite. C’est prêt.

Le voyage se fait de nuit, les yeux ouverts.
La maison s’est endormie, les enfants dorment à même le sol. Je partage l’expérience avec les deux chiliens. On est assis en cercle. Le chaman récite une bafouille dans une langue inconnue et m’invite à boire l’équivalent du contenant d’une pellicule photos. Il se retire et dit revenir une demi heure plus tard… Je ne saurai jamais si il est revenu une demi heure apres.

Je perd la notion du temps, l’espace est déformé, je suis comme dans un rêve mais j’ai les yeux ouverts. Et puis la magie opère, je survole la forêt amazonienne en compagnie d’un perroquet. Je vois beaucoup de serpents dans ma divague, perd completement pied…
Et, tout à coup, une mélodie fabuleuse se fait entendre.
Dans mon rêve éveillé, une petite indienne vient de sortir de la forêt en jouant de la flute. J’ai comme un reflux émotionnel, le moment est juste...beau.

La mixture vous entraine dans une rêverie mais le charme peut retomber brusquement et vous revenez dans une semi réalité. Je m’aperçois alors que la mélodie de la petite indienne est en réalité le sifflement du chaman qui agit comme un véritable catalyseur émotionnel.
Il agite aussi un bouquet de feuilles séchées et le bruissement de celle-ci me fait bondir comme un chat pris par surprise.

Trois heures passent ainsi et le charme retombe. Je me couche sur le flanc, pensant trouver le sommeil mais quelques minutes plus tard, je me réveille en spasmes et me dirige comme je peux pour vomir extirpant les maux de mon corps comme il se doit finalement dans pareille cérémonie.

Le calme est revenu, je sors et m’éloigne quelque peu de la maison. Je suis comme dans le coton, le ciel étoilé, lumineux, se détache des ombres chinoises formées par les cimes des arbres.
Je me vois alors remercier la forêt aux quatre coins cardinaux. Je la remercie de m’avoir accepter en son sein. C’est cette impression qui domine, comme si j’avais franchi une porte, que ca s’est bien passé.
Et je ressens un immense plaisir d’être comme accepté. Je ne suis plus un étranger.

Je m’endors doucement dans mon hamac et me réveille quelques heures plus tard. La demeure est en effervescence, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles, une paix intérieure.
Je croise alors le chaman, il vaque déjà à une tout autre activité. je lui dis merci. Il sourit.


Le soleil est deja haut dans le ciel, il nous faut repartir.


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Le bivouac version forêt amazonienne…

Le troisième jour de la descente du rio Napo en direction d’Iquitos, on emprunte un petit cours d’eau ou l’on admire une nouvelle fois des dauphins roses.
On s’arrête aussi en chemin acheter une poule à un habitant, elle nous régalera ce soir au bivouac…

En début d’après-midi, on se fraie un chemin pour le bateau à coup de machettes et on s’installe. Je m’empare d’une des machettes et m’attaque à déblayer un périmètre. Les moustiques arrivent en nombre, la sueur me gagne en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Je m’arrête rapidement, la main cloquée.
On installe les hamacs, la moustiquaire complètement hermétique et une bâche en cas de pluie cette nuit. On confectionne aussi des bancs au moyen de lianes très dures.

La poule est tuée (pour tuer une poule, rien de plus simple, vous vous saisissez de la tête et vous faites faire deux tours à la bête). On organise le repas et ensuite on part pour une virée au cœur d’une foret préservée en suivant les quelques traces de chasseurs de gibiers.

Les arbres sont immenses, la flore impressionnante. Tout prend des proportions démesurées. Les fourmis rencontrées sont grandes comme deux de mes phalanges.
Dans la forêt, il est possible de survivre avec les connaissances indispensables comme celle de reconnaitre la liane qui filtre l’eau et en fait une eau potable pour l’homme.
On visite ainsi comme un jardin extraordinaire.

Le soir je pars poser les filets avec un jeune du coin fan de massato. Je découvre une vouvelle dimension de la forêt car il m’entraine en pirogue entre les racines des arbres inondées. L’endroit est complètement vierge, on se sent revenu aux fondamentaux. Je me sens un peu gauche dans ce nouvel univers mais la nature vous donne un tel spectacle que je je répète wow toutes les deux minutes et voit mon accompagnant sourire de mon émerveillement.
Je lui dis que c’est incroyable, même lui vivant ici ne peut pas ne pas s’en rendre compte. Il me dit que oui, c’est beau.

J'ai respecté la nature, j'ai crié a l'interieur.

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Levés aux aurores le cinquième jour, on prend le premier bateau rapide jusque Iquitos que l’on atteint dans la matinée. De retour au developpement...

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