Iquitos - Yurimaguas (Bateau, 3 jours)
Le port d’arrivée n’est pas le même que celui
de départ mais une similarité, l’anarchie.
J’arrive avec le vélo chargé et dois jouer au
funambule sur une planche de bois pour accéder au ferry/barge. Un déséquilibre
et je verserais dans la boue avec le vélo.
Finalement, je me fraye un chemin sans trop de
difficultés et discute le prix du voyage en soute de mon vélo et de l’attirail.
Et comme, on est au lendemain du carnaval, il y
a beaucoup de monde qui ont fait le même choix de voyager aujourd’hui.
Sur le premier pont, la vision est incroyable,
il y a des hamacs absolument partout. L’idée qu’ils ont eu je pense est de mettre
dans l’emplacement d’un hamac, trois de ceux-ci. Alors bien sur, ils sont
nombreux à avoir l’habitude de dormir de telle façon. Mais tout de même, l’organisation
est impressionnante.
Serrés comme des « piranhas »?
Les journées sont rythmées par l’appel de la
nourriture. Matin midi et soir, c’est le branle bas de combat. Le bateau sort
de sa torpeur et une file indienne se forme entre les hamacs.
Dans une main, son ticket, de l’autre la
gamelle ou le Tupperware. Pas trop de surprise, le menu est réglé sur riz et
poulet. Chacun de retour à son hamac mange consciencieusement et défile ensuite
aux lavabos remontant l’eau du fleuve, pour la vaisselle.
Je rencontre une professeure qui va d’école en école
en Amazonie, elle est particulièrement intéressante et se montre particulièrement
volubile quand il s’agit de parler de son pays.
En réalité, il vit plus au jour le jour,
aujourd’hui sur la route après avoir fait le rabatteur un temps à Cusco, son
fief.
Il me dit que le touriste est exigeant, on ne
peut pas lui mentir alors il va voir de lui-même les endroits qu’il pourra par
la suite renseigner pour les touristes. Il a le bagout du guide et on accroche
rapidement. Pendant le voyage, il va rencontrer un vendeur d’artisanat et va
lui proposer de vendre ses portes clés sur le bateau.
Je pense, sans venir de Marseille, que plus de
la moitié des voyageurs est reparti avec l’un d’entre eux. Le gouailleur réveille
d’un sourire les familles alanguies qui se laissent alors prendre à sa malice.
Aux plus anciens il promet le retour de la
jeunesse, aux jeunes, la réussite à l’école, aux hommes, les femmes…
Pour ma part, je vais partager la chambre la
plus économique de toute la ville avec Carlos. Les standards de confort ont désormais
une prise minime sur moi.
Dans ma tête cette idée fixe, demain je reprends le vélo. La dernière étape en Equateur me parait à des années lumières et j’ai des fourmis dans les jambes…