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hualihza
1 mai 2009

Chachapoyas - Cascade de Gocta - Pedro Ruiz (65 kms)

Chachapoyas, du temps de la conquête espagnole, était la troisième ville la plus importante du Pérou. Mais du fait de son accessibilité difficile (ils sont en train de terminer d’asphalter la route), la ville s’est comme endormie. Aujourd’hui, le centre de la ville a le charme de la ville coloniale mais défraichi.
Ce sera ma ville d’un soir avant de redescendre sur la cascade de Gocta.

Le matin de mon départ, je croise la route d’un étudiant en communication qui en me voyant passer décide de s’enquérir du pourquoi du comment de mon voyage et je suis quitte pour une interview au dictaphone en pleine rue.

Et puis c’est la descente, peu besoin de pédaler ce matin. Le paysage n’est pas aussi formidable qu’escompté mais je ne boude pas mon plaisir et me laisse aller à la flânerie.
Et l’histoire de se répéter, la route est barrée pour cause de travaux…Mais elle rouvre dans une heure, je n’insisterai pas pour passer.
Au contraire, cette pause forcée me fait rencontrer 4 motards ayant eux aussi du mettre pieds à terre. Ce sont des professeurs en visite dans cette partie du Pérou qu’ils ne connaissent pas. On va parler longuement des différences culturelles entre France et Pérou et déraper très vite aussi sur la politique et ce bel ordre mondial capitaliste si enclin à l’égalité…
[Je lis actuellement, le livre d’Eduardo Galeano, « Les veines ouvertes de l’Amérique latine, histoire du pillage d’un continent » et j’ai beaucoup à dire sur le sujet. Pour la petite histoire, le livre est aussi dans l’actualité car Chavez vient de l’offrir à un certain Barack Obama…]

J’arrive à la cascade de Gocta en début d’après-midi après une montée bien difficile. La cascade vient d’être découverte trois ans auparavant et le National Geographic vient de la classer comme troisième cascade la plus haute au monde, 771 mètres.
Trois ans, c’est peu, les guides de voyages n’ont pas eu le temps de se retourner et l’endroit est quasiment vierge de tourisme, j’arrive dans un village comme perdu. Et c’est là tout son charme.

Je rencontre un jeune en charge du tourisme et m’enquiert des conditions de la visite. Il me dit de suivre un chemin réhabilité il y a peu et après une heure et demie, je serais en contrebas de la dite cascade, déjà bien visible depuis le village, 771m de hauteur, ca se voit de loin.

Je sympathise très rapidement, et après avoir déposé le vélo dans un endroit sur, je déjeune et m’élance en solo vers la troisième cascade la plus grande du monde, dans ce coin perdu.
Je marche d’un bon pas comme aimanté par l’endroit. Je fais la connaissance en chemin d’une paysanne qui répond à mon large sourire par des yeux rieurs. Il y a comme une énergie particulière dans cet endroit.
Je longe des champs de mais aux épis recouverts de bouteilles de plastiques, « pour éviter que les perroquets ne les réduisent à néant ».
Après une bonne heure de marche, je débouche sur une corniche avec vue imprenable sur la cascade, je ne peux m’empêcher de crier, la cascade est énorme, majestueuse, puissante.
Je crois que l’on appelle ce type d’endroit des lieux telluriques, là ou vous ressentez l’énergie des « éléments ».
Je fais face à un de ces endroits particuliers, seul, je goute à un grand moment de plaisir.
La cascade ne termine pas dans une étendue d’eau bucolique…En contrebas, c’est la tempête, de forts vents balayent les trombes d’eau et je ne pourrais atteindre totalement les derniers mètres de la cascade. Je me fais fouetter le visage par le tumulte mais mon sourire reste accroché. Les conditions pourraient paraître exécrables mais pourtant on ne peux rester indifférent à un tel spectacle naturel.

Je refais le trajet dans l’autre sens en me disant qu’il me sera difficile d’atteindre la ville prochaine aujourd’hui. Mais je n’ai pas besoin de creuser plus à fond l’analyse de la journée et me laisse porter…

De retour au village, je retrouve le jeune en charge du tourisme et il m’invite à me doucher à la faveur d’un cours d’eau dévié.
Ensuite, il m’invite à un café chez une des familles qui habitent ce village. L’atmosphère positive du lieu se poursuit. Je me retrouve derrière une table d’une cuisine « très humble » d’une famille de paysans souriants. Trois bonnes heures de discussions vont suivre.
On parle du travail aux champs, de la médecine traditionnel, de l’arrivée de l’électricité dans le village depuis 6 mois et de ce qui a changé depuis. Je suis invité à partager le repas.
J’écosse des petits pois, trie les bons haricots blancs des mauvais…Je suis finalement invité à rester un mois si j’en ai l’envie!
Je suis très touché par leurs invitations mais argue de mon futur vol en direction de la France…
Je termine la soirée en les saluant avec grand respect et m’en vais planter la tente sous le porche de l’église.

Le lendemain, je suis de nouveau invité au café et vais tout de même rester le matin et aider à un travail «au champs ». Le charme du moment de vie à Gocta se termine par des belles promesses pour le futur et je reprends la route.

Je suis à Pedro Ruiz quelques heures plus tard et un bus m’emmène moi et mon vélo vers Trujillo d’abord et ensuite pour un retour sur le vieux continent après… 11 mois d’absence.


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Commentaires
V
Salut Julien,<br /> <br /> J'apprécie toujours à la lecture le vrai voyageur, et en plus tu as un bon sens du récit ! C'est marrant, je sens que l'on recherche le même type de voyage, ces expériences "telluriques", cette sensation, parfois, quand on se fait accueillir, qu'on arrive à avoir un vrai contact humain, d'une certaine façon d'être enfin "à la maison"... (euh.. tu me suis ?). Et aider au champs, c'est beau, je le recherche mais je l'ai fait moins que je le voulais pour l'instant. Si on arrive à se croiser ça va me faire plaisir de discutailler un peu. Et mon livre de voyage est aussi "Las venas abiertas de America Latina" en ce moment ! (après avoir terminé un bon Isabel Allende). Bon, ok, je me retrouve pas mal dans ton voyage, toi qui descens, moi qui remonte, deux cyclistes en solo, bilingues franco-espagnol, parisiens, formation d'ingé, etc... Peut-être un bout de route ensemble?
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