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hualihza
8 juin 2009

Huancayo - Ayacucho

Je repars de Huancayo en solo. Les deux autres sont partis la veille. L’accord est tacite, j’aime alterner route à plusieurs et voyage en solo. Je dis souvent que les voyageurs à vélo, s’ils ont en commun de passer des heures sur un vélo, ont tous une façon différente d’appréhender le quotidien.

La team Osmosna aime à se retrouver seule le soir, loin du contact des populations locales, leur espagnol limité y est pour quelque chose mais aussi, ils ne goutent guère la nuit chez l’habitant, souvent fatigués d’être le centre d’attraction d’enfants parfois envahissants.

Pour ma part, j’aime prendre le temps de discussions inopinées au bord de la route. Aussi, je pédale à mon rythme et ne doit pas faire l’accordéon, a devoir rejoindre le groupe si j’ai effectué une pause. L’esprit est aussi moins occupé à analyser l’état d’esprit de vos compagnons de route.

La route est asphaltée en début de journée, elle monte, mais ne présente pas de difficulté majeure et le col est atteint sans réelle difficulté. Ensuite l’altimètre chute rapidement à la faveur d’une descente entre les montagnes.

Le premier village traversé s’appelle Izcuchaca, je m’y arrête déjeuner et m’élance ensuite sur une route pierreuse.

La circulation devient quasiment inexistante et je fais la route dans un canyon. Je ne possède pas d’indications précises et j’oublie la carte pour m’orienter selon les dires des personnes que j’interroge.

A la faveur d’un de ces arrêts, je recharge mes provisions en eau et chocolat et en profite pour interroger l’auditoire sur les vertus des feuilles de coca que l’on mastique. Un énorme sac est en évidence et j’engage la conversation à sa vue.

Les deux femmes de l’échoppe sourient en face de ce gringo sorti de nulle part et me font l’article. J’en mâchouille une pour gouter et devant mon rictus, les sourires se font rires. J’apprend que l’on achète ici un bon petit sac plastique pour un sol (environ 25 centimes) et avec on vous donne une pate (un activateur) qui va décomposer les feuilles dans votre bouche. On ne mâche pas, on place le tout entre la mâchoire supérieure et la joue.

Je tenterai plus tard. Mais le moment est heureux. Quand un homme me souhaite bon voyage « avec l’aide de dieu », je lui dit répond avec l’aide de Dieu et celle de la coca. L’hystérie devient générale et je pars dans les rires.

La route continue dans les cailloux. En fin de journée, je m’arrête dans un petit village et demande si a tout hasard, il n’y aurait pas un mécano de vélo. J’ai une pédale qui fait des siennes et il me manque une clé pour fixer le tout.

Je suis tout de suite l’attraction, on m’accompagne devant l’atelier mais le mécano joue au football avec les ouvriers du barrage tout proche. Je parlemente un moment et finalement le soleil vient à tomber. Je demande alors s’il n’y aura pas une petite parcelle de terrain pour un cycliste dormant sous la tente. Une vielle dame me répond que son patio pourrait faire l’affaire. Formidable.

Elle habite seule dans la maison à côté. La pauvreté ici est criante et avec mon vélo je fais figure d’extra terrestre. Pourtant, l’humanité est là, bien présente, on ne s‘encombre pas de statuts.

Je plante la tente tout en conversant avec cette vieille femme qui a du être et qui reste une femme de caractère.

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Le lendemain débute comme un bonheur. Je suis en version solitaire dans un écrin de nature. Je continue de rouler à flanc de canyon avec une eau en contrebas virant du vert, au jaune et finalement au …rouge. Les jamaïcain comprendront.

La belle journée continue et vers midi je croise un couple d’allemands. Ils remontent depuis l’Argentine. Ils sont tout sourire, on passe vingt minutes en palabres sur le Pérou et anecdotes sur nos voyages respectifs. On se donne les bons plans pour dormir et on se quitte. Auf wiedersehen.

Je déjeune et les péripéties débutent…

 Ca commence par le passage d’un gué raté. Je maitrise mal le vélo et doit poser le pied dans le courant d’eau froide. Rien de très grave mais un pied trempé.

Ensuite, dans la fin d’une descente, je suis tout à ma musique, volume au maximum et pensée quelque part entre la terre et le ciel. Je vois la moto au dernier moment…

Le manque de visibilité, le virage, je n’ai pas compris. J’arrive vite, peut à peine redresser, une fraction de seconde passe. Mon cri se termine, la moto est passé. Nos deux rétroviseur sont passés à 5 centimètres. C’est allé trop vite, mon adrénaline est au maximum, je viens de passer à deux doigts d’une 125 cc, de face.

Chacun dans notre lacet, on se salue de la main, on a été imprudents tous les deux. On l’a échappé belle tous les deux.

Une heure se passe et une nouvelle fois grisé par la vitesse sur le chemin, je croise la route d’une bergère et de…son chien.

Je ralentis à peine mais là où le chien normalement se met sur le côté, là il se plante au milieu de la route. Il aboie mais ne bouge pas, je dois faire un écart où je lui roule dessus. Mais dans l’écart, je doit passer sur l’autre empreinte du chemin et le petit dépôt entre les deux m’est fatal. C’est la CHUTE!

Le vélo a dérapé de la roue avant et dans l’élan je suis projeté en avant. Je me rattrape finalement pas si mal mais crie d’une force...La bergère prend peur. Le chien fait bien de déguerpir. Je lâche jurons sur jurons. Je n’ai rien, le vélo non plus mais les jambes tremblent et la bonne humeur du matin s’est envolée pour de bon.

Je retrouve mes esprits, ne répond pas à la vieille dame qui me dit que son chien n’est pas méchant. Je reprends la route avec une grosse envie d’en finir.

Après une dernière crevaison, (ce n’est décidément pas la journée), je rejoins le village de Mayyoc. C’est décidé, je prends l’hôtel ce soir. Le mental est fatigué. Mais le tenancier du seul hospedaje m’est franchement antipathique, sa chambre est miteuse et à ma vue il me concocte un prix sur mesure, à la hausse évidemment. Je prends congé.

Je vais tenter ma chance du côté du commissariat. Ils ont le contact sympathique mais j’essuie un refus quant à planer ma tente sur le petit carré de terrain attenant. Nouvelle improvisation et direction une petite entreprise de transport mais nouveau refus.

Je m’en retourne vers le commissariat. J’insiste.

Finalement, je décrit mon type de terrain idéal et prend l’exemple du terrain derrière le mur, en face du commissariat. Je pourrais me mettre là. Conciliabules des gens en uniforme et finalement l’un d’eux pousse une vieille porte, elle donne sur un champs. Personne n’habite plus ici, parfait.

Je suis derrière un mur, en face du commissariat, j’ai la bénédiction de l’autorité, c’est plus qu’il m’en faut. Je plante ma tente.

Je retrouve le sourire, amusé de voir les policiers enfourcher mon vélo l’un après l’autre. La journée a été bien remplie et se termine sur une bonne note.

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Le réveil est matinal, je ne vais pas m’attarder de trop et commence la journée avec une grosse envie d’atteindre Ayacucho, où j’envisage de me reposer quelques jours.

Le décor est celui d’un western mexicain. Des collines arides plantées de cactus. Une rivière serpente en contrebas.

La piste est en mauvais état mais j’avale les kilomètres sans trop de problèmes. La montée vers la ville de Huanta est quelque peu difficile mais j’y retrouve l’asphalte.

Et puis, en me dirigeant vers le centre de la ville, je tombe sur un groupe de cyclistes. Ils sont jeunes, s’entrainent pour la compétition de la semaine suivante.

Je me dirige vers le gros du peloton et là me retrouve à discuter avec le responsable de l’évènement. Il rêve de voyager ainsi au long cours. On parlemente, les enfants tout autour veulent tout savoir de la mécanique, veulent toucher. Je répond aux sollicitations avec bienveillance, entretenant la flamme du cyclisme dans les yeux de ces sportifs.

Moi, en vedette sportive…Parfois la vie s’amuse de ses humains.

Je m’arrête une bonne heure à Huanta et puis reprends la route. Casque sur les oreilles, j’attaque la montée d’un col. Mais avec l’asphalte après des jours de piste, même si ca monte beaucoup, c’est sans difficulté que je prends de l’altitude.

La descente qui s’ensuit est avalée en un rien de temps. J’aperçois des ruines pré-incas en contrebas mais je n’ai pas le cœur à m’arrêter visiter. Je suis en recherche de mon repas du midi.

J’ai bien avancé depuis ce matin et l’après-midi devrait être courte pour rallier Ayacucho. Une dernière montée sous les encouragements des personnes rencontrées le long de la route et la ville se dessine au détour d’un virage.

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