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hualihza
14 juillet 2009

Cusco - Juliaca

Cusco - Combapata (107 kms) / Combapata - Santa Rosa (100 kms) / Santa Rosa - Milieu de la pampa (88 kms) / Milieu de la pampa - Juliaca (51 kms)

Je quitte Cusco au matin. Cette ville m’a vraiment charmé et a été une belle étape. Mais le désir d’asphalte a tout de même fait sa réapparition il y a quelques jours et aujourd’hui je vais combler ce manque.
La sortie de la ville n’est pourtant pas très romantique et les premières heures de la journée s’écoulent sans plus de saveur. Je fais tout de même une belle rencontre, un cycliste suisse, barbu, les yeux rieurs, on s’entend tout de suite.
On discute un long moment, il a le temps et moi aussi. On est rejoint par deux cyclistes péruviens version vélo de course et la conversation se prolonge à 4. Une petite heure passe et chacun reprend sa route. Le suisse remonte sur Cusco.

Des ruines, une petite lagune, des paysages relativement vert et pourtant je suis fatigué, physiquement, moralement. Peut-être la perspective d’une route plus plane que les belles montagnes d’avant Cusco me font me sentir de la sorte.

J’avale tout de même les kilomètres en légère montées descentes.
En fin de journée, je dois slalomer entre des pierres sur la route et je dépasse plus loin une longue file de véhicules à l’arrêt. Ils sont bloqués par des manifestants qui empêche le passage d’un pont. Les revendications sont double.

Tout d’abord, ils manifestent contre la privatisation de l’eau. Le gouvernement est en passe de donner l’exploitation de l’eau de toute la région à une entreprise étrangère. Des emplois qui ne bénéficient pas aux péruviens et une augmentation certaine des prix de cette ressource naturelle en perspective.
Les manifestants réclament la grève générale et bloquent ainsi les entreprises de transport pour ajouter à leur efficacité de paralysie.

La deuxième revendication est une solidarité pour les peuples d’Amazonie du nord du pays. Les policiers quelques jours auparavant se sont confrontés aux natifs. Résultat un bang de sang, une cinquantaine de personnes tués, du côté des indiens comme du côté des forces de l’ordre.
En jeu une nouvelle fois, une concession faite par le président pour exploiter les ressources du sol de cette région par une entreprise étrangère et des populations qui sont déplacées ou qui subissent la destruction et la pollution du milieu naturel.

On pourra remarquer que le président du Pérou, Alan Garcia pour ne pas le nommer, applique ici une politique bien différente de ses voisins.
En Bolivie, Evo Morales, lui, a évincé les entreprises étrangères de l’exploitation du pétrole pour plus de justice sociale en nationalisant les ressources.
En Equateur, Rafael Correa, a accepté des aides à la préservation des milieux pour limiter là encore l’exploitation pétrolière.

Pour en revenir à la route, en cette fin de journée, je fais face à de nombreux manifestants et une route barrée par des pierres.
Je stoppe mais rapidement on m’indique de passer. Le gringo à vélo peut passer. Alors j’entends une voix me crier de jouer de mon klaxon…Je m’exécute et c’est l’euphorie générale. Des clameurs tout autour de moi, comme un footballeur qui rentre sur le terrain. J’abuse du klaxon et les clameurs de reprendre. Hourra! J’éclate de rire et continue finalement mon chemin.

Plus loin, les revendications ont été peintes sur chaque mur le long de la route. Je m’arrête pour faire des photos et aussi un point carte.
Je décide que j’en ai fait suffisamment pour la journée et je vais m’arrêter ici pour ce soir. Le village s’appelle Combapata…et en raison des manifestations ressemble à un village fantôme.
Je trouve tout de même un endroit pour dormir. Pour le restaurant ce sera plus complexe. Du coup je sors le réchaud sur le toit terrasse de l’hostal et me fait la cuisine.
Je m’endors finalement devant un James Bond avec une réception de mauvaise qualité.

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Le lendemain, je reprends la route mais on me promet de nombreux barrages et des difficultés pour poursuivre ma route.
Après quelques kilomètres, la route est effectivement barrée. Je passe tout de même sans encombre mais il n’en va pas de même pour les autobus qui se retrouvent bloqués. Je croise alors des touristes malchanceux qui doivent porter leurs sacs sur des kilomètres et doivent rebrousser chemin…

Au deuxième barrage, ça se corse, les manifestants sont remontés. On m’intime l’ordre tout d’abord de ne pas passer. Je prends mon mal en patience et commence à discuter. Je leur indique que je pense que la lutte sociale est un combat qu’il est nécessaire de mener dans bien des cas et que la France n’est pas en reste.
On parle aussi bien sur du pourquoi du comment de mon voyage à vélo et très vite, je me fais des amis. Ils me retiennent bientôt plus pour discuter, et pour que je prêche la bonne parole par la suite sur leurs revendications.
Au bout d’une demi heure on me dit que je peux passer. Je fais deux mètres et là fait face au noyau dur des manifestants.
L’un deux ira même jusqu’à mettre un bâton dans mes roues et est à deux doigts de me casser quelques rayons. Je retire son bâton promptement et perd soudainement mon sourire. Finalement tout rentre dans l’ordre car la majorité veux me laisser passer. Je laisse les partis s’expliquer et continue ma route.
Mais en partant je sens un frottement sur ma roue arrière. Je m’arrête et en me retournant observe les manifestants hilares. L’explication? Quelqu’un m’a accroché une bouteille plastique remplie de sable à mon paquetage. J’éclate de rire. Je les salue de loin, le pouce levé, ils rient de bon cœur et je poursuis mon chemin.

Je roule des kilomètres dans la plaine, sur une route sans voiture, croisant de nombreux vélo comme une journée sans voiture à Paris ou ailleurs.
Les barrages se succèdent avec à chaque fois le même mode opératoire, je mets pied à terre et je passe après avoir reçu un accord tacite des personnes en place.

En traversant la ville un peu plus importante de Sicuani, je traverse des rues ayant connu des heurts plus violents. Je dois souvent faire de longs détours pour ne pas rouler sur une route jonchée de tessons de verre. Je fais attention de ne pas faire trop de photos de peur de heurter. Une grande partie des villageois des alentours est présente et les visages sont fermés.

Après ce village, les barrages se font plus espacés. La route monte peu à peu jusqu’un col atteint sans difficulté. A la hauteur d’un péage, je demande si le couple d’amis cyclistes suisses ne serait pas passer la veille. Ils me répondent qu’un couple vient de passer il y a…trois quarts d’heure seulement.

Je continue de pédaler dans un paysage à la fête, les sommets enneigés ont fait leur réapparition. Ensuite je vais avoir droit au début de la pampa. Je croise un couple de cyclistes allemands qui vont dans l’autre sens, ils viennent de croiser les autres et ce sont bien les suisses.

La nuit n’est pas loin et après avoir pris mon temps comme à l’habitude, je prends un peu plus de vitesse pour opérer la jonction.
Pourtant la nuit tombe bientôt et pas de cycliste en ligne de mire…que du lamas. J’interroge les personnes sur le bord de la route et tant qu’ils continuent à me dire qu’ils les ont vu, je continue. J’observe tout de même alentour les possibilités de camping. Je dépasse bientôt un petit village et après plus de traces des suisses. J’en déduis qu’ils n’iront pas braver le froid cette nuit et ont décidé de prendre une nuit à l’hôtel ce soir.

Je m’en retourne au village et rapidement retrouve leur traces, Sherlock Holmes sur un vélo ce soir.
Je passe la tête à travers la porte de leur chambre d’hôtel et là au milieu de nulle part, ils hallucinent de me voir.
Sur le chemin, ils ont pris le temps, bain de boue, etc. On se raconte nos derniers jours, je ris longuement avec les personnes qui tiennent le petit hospedaje.
Bientôt tout le monde ira dormir sous une bonne couche de couverture. Dehors, il gèle.

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Je troque ma solitude de cycliste pour une nouvelle journée à trois.
Le paysage de la pampa, fait de longue ligne droite sur l’altiplano, est de toute beauté. Les cultures ont pris une couleur jaune sous le soleil. Une véritable invitation à la rêverie quand je ne discute pas avec les autres côte à côte, sur une route peu empruntée.
Les rapaces sont en nombre ici et il est très facile de les observer de près. Aussi, excepté un déjeuner pris dans un village, la civilisation est peu présente.
Je laisse ici parler les photos, elles valent plus que les longs discours…

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La journée du lendemain est une copie conforme de celle de la veille. Route plane, pampa à perte de vue et grand sentiment de voyage au long cours.
Dans l’après-midi, on atteint la ville de Juliaca. C’est jour de marché et c’est l’effervescence à notre arrivée. Repos ici avant de rejoindre demain…le lac Titicaca.

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