Puerto Viejo - Bocas del Toro, Panama (93 km)

Je choisis de demarrer tot. Le camp de vacances se reveille doucement et deja je suis parti. A la sortie du village, j'ai droit a quelques petites denivelations mais elles sont vite avalees.

[Petit aparte "interaction avec le lecteur"...
Plusieurs d'entre vous m'ont fait remarquer que j'ecrivais de moins en moins sur mes "sensations" de velo. Elements de reponse donc:

1- Le velo est pour moi a present un quotidien, les emotions et nouvelles experiences des premieres semaines sont derriere moi.
2- J'ai peur d'etre rebarbatif sur la difficulte du pedalage. Evidemment je suis plus "affute", il n'empeche que quand vous pouvez lire une phrase du genre "la route presente une difficulte", il faut traduire dans la majorite des cas par 1h de montee ou je dois m'arreter tous les 50m, je sue a grosse goutte, le coeur bat a 100 a l'heure, l'essoufflement est a son maximum et les jambes crient de douleur. Ca se rapproche d'exercice de "fractionne" en athletisme, des sensations d'apres course des seances d'endurance a l'ecole. En resume, ca fait mal, souvent tres mal, mais c'est comme tout...on s'habitue et sans masochisne aucun.
3- En Amerique centrale, les distances sont courtes. Avec des etapes en moyenne de 100km, un pays est vite traverse. Et, dans un pays, il y a beaucoup d'endroits a visiter et une culture, une politique, une histoire a decouvrir...Dans mes  posts, il est normal que ces sujets prennent plus d'importance.
4- Le velo est mon mode de transport. A l'evidence, il a une empreinte forte sur mon voyage et je commence d'ailleurs a y prendre sacrement gout. Pour autant, ce blog sans pretention sinon celle de partager le bouillonnement de mes nouvelles experiences et des reflexions induites, est plus tourne vers le voyage en general et l'intensite des moments de vie...que sur un aspect purement sportif.

Fin de l'aparte.
Et merci pour tous vos commentaires, chacun d'entre eux me touche plus que vous ne pouvez l'imaginer]

Apres quelques kilometres, la route s'aplanit. Je traverse des champs de bananes, produites ici en quantite impressionante. Imaginez, les champs sont fertilises par avion!
Encore un avantage du voyage a velo, je vais pouvoir m'arreter et etre invite a visiter une "usine" de conditionnement.

Les regimes de bananes sont transportes directement depuis les cultures par un systeme de rails suspendus. Elles sont acheminees ainsi  jusqu'a une premiere etape de tri et decoupe. Le travail se fait en musique et a l'air libre (on se croirait dans une manufacture de tabac a Cuba).
Apres ce premier tri, on plonge les "quartiers" dans une piscine ou elles sont lavees et desinfectees. De l'autre cote, les bananes sont de nouveau triees et calibrees. Ensuite on passe au conditionnement. On retrouve a cette derniere etape, les memes cartons que l'on voit au supermarche chez nous: bananes "Chiquita", "Del Valle", etc (product of Costa Rica).
Le camion est a la sortie et fait la navette jusqu'au port de marchandises...destination l'assiette europeenne et mondiale.

Aujourd'hui aussi, j'en termine avec le Costa Rica, bienvenue au Panama, dernier pays d'Amerique centrale avant le sud.
Je suis a la frontiere vers midi. Les deux pays etant separes par un cours d'eau, on passe de l'un a l'autre en traversant un pont.
Mais attention pas de ceux dernier cri ou le nom de l'architecte est inscrit sur une plaque, non, un pont comment dire, vieillissant. Il permet le passage d'un seul camion qui roule au pas sur des planches de bois soutenues par une architecture rouillee.
Beaucoup de pietons traversent aussi, l'ambience est particuliere. Les frontaliers se melangent aux mochileros (backpackers) deposes par un bus d'un cote et repris par une navette de l'autre.

En entrant au Panama, on doit presenter un billet retour, que je n'ai pas...mais pas de probleme a ce niveau la, le douanier enchaine les tampons et je passe sans encombre.

Mon premier contact au Panama est tres sympathique. Indications, sourire, "bon voyage", tout y est. De bonne augure. Je reprend la route avec des picotements, le voyage se poursuit, le corps reagit par quelques decharges d'hormones de satisfaction.

Ensuite? La route est peu ou prou la meme qu'au Costa Rica...Bananes a l'horizon.

Je dejeune dans une ville nommee Changuinola, paye en dollars, monnaie du Panama (qui possede un equivalent, le Balboa...mais les billets n'existent plus) et reprend la route pour une apres midi riche en montees/descentes aka "la route presente des difficultes"...

La region traversee est peuplee d'indigenes. Les maisons sont en bois, coiffees d'un toit de palmes. Les villages ressemblent a un regroupement de maisons sur pilotis, au dessus de la terre battue. Les enfants jouent a moitie nus, le linge qui seche colore l'ensemble. La pauvrete est de retour.

Ma destination du jour, l'archipel de Bocas del Toro. Avanat d'y arriver, j'embarque sur un bateau qui pour quelques dollars me charge moi et mon velo.

Y a t'il un mot au dela de paradis?...Bocas del Toro est un endroit exceptionnel.

Ma premiere vision du paradis, les bateaux, de ceux de plaisance qui croisent dans les mers des Caraibes, d'iles paradisiaques en ports sulfureux. Je n'arrive pas a detacher mon regard, et je sais que quand mon attention est retenue de la sorte, l'idee va faire son chemin et il est tres probable que dans un futur proche ou lointain, on me verra a bord d'une de ces embarcations.
On a le droit de rever...En attendant, je vais faire le pied de gru sur les pontons...

A mon arrivee enfin, je rencontre un argentin et un cycliste belge. L'hospedaje sur pilotis donne directement
sur l'eau. Je reve les yeux ouverts.

Comments

[fab le colloc ..]

ton carnet de voyage est tjs aussi sympa !

[Guillou]

Salut Dud, évidemment ta déclaration d'amour à Bocas del Toro m'a donné envie d'interroger la matrice pour savoir ce qu'elle en disait. Premier point, tu es le premier document proposé par le moteur de recherche de blogs de google quand on tape ce nom, tu es donc une autorité du web dorénavant ;). De plus mais tu devais le savoir, Koh Lanta en 2003 s'est déroulé à Bocas del Toro, amusant non ? Tu n'as pas retrouvé quelques traces du passage de notre fierté télévisuelle nationale, vieilles pellicules ou décors de carton pâte ?

Merci aussi d'ailleurs sur le petit point quant aux "difficultés" cyclistes, ça me rassure de savoir que tu en chies, toutes ces découvertes, merveilles ne sont pas sans prix ;) !

Tiens la route et que le voyage continue avec autant de bonheurs.